DU RENOUVEAU DANS LES PRATIQUES ÉDUCATIVES

Je n’ai plus le temps de réfléchir ! De penser ! De comprendre ! Qu’est devenu mon grand projet d’aider les autres, de me mettre au service de ceux qui souffrent ? Comment retrouver le cœur de ma motivation, et l’enthousiasme de faire ce travail essentiel pour moi, les jeunes, et la société ?

Petit florilège :

​- R. a 5 ans. Il déborde constamment d’une colère incontrôlable : il tape, crie, jette des cailloux sur tout ce qui passe. Sa mère n’en peut plus, envisage de la placer, voire de l’abandonner. A l’école pourtant, c’est un ange que la maîtresse apprécie beaucoup. L’équipe qui travaille sur l’admission est indignée de l’attitude de la mère … car comment comprendre ?

– T. a passé son enfance en institution, suffisamment à distance d’une famille difficile marquée par la délinquance et des relations intergénérationnelles peu claires. Il est bien adapté, est sur le point d’aboutir un projet professionnel avec les Compagnons. A 2 mois de l’échéance finale, il fugue, disparaît, et fait échouer toutes ses chances de faire « autre chose » que ses modèles familiaux. Les éducateurs sont atterrés, avec une immense sensation de frustration et de gâchis.

– N. pourrait vivre en paix avec sa mère et son beau-père, qu’il appelle papa d’ailleurs puisqu’il l’a adopté tout bébé. Pourtant cet adolescent est placé car il fugue, se met en danger, passe les nuits dehors pendant les week-ends et rend sa mère folle d’inquiétude. Lui même est désolé de l’inquiétude qu’il cause. Il dit : c’est plus fort que moi

Vous connaissez ces situations ? La où notre réflexion éducative s’épuise ; là où notre savoir-faire semble inconsistant ; là où notre impuissance nous confronte aux doutes les plus inconfortables, et à l’impression que notre action est sans effet …

Autant de situations qui à la longue usent notre enthousiasme et parfois notre motivation. On sent bien que quelque chose s’impose à ces jeunes, que la répétition des difficultés est plus forte que notre bonne volonté, et même que la leur. Alors comment leur ouvrir de nouveaux chemins, qui les autorisent à inventer des scénarios neufs pour leur vie ?

Et comment, pour des éducateur(trice)s, ré-enchanter le quotidien, et éclairer le futur ?

Dans les situations ci-dessus, l’ouverture à la dimension transgénérationnelle et systémique a permis de comprendre ce qui se répétait, les loyautés qui agissaient, et ainsi de repousser les limites de notre possibilité d’agir. Pas de solution miracle, mais une nouvelle richesse pour avancer ensemble.

Au cœur de la pratique, nous apprenons à regarder autre chose, à parler autrement aux jeunes et aux familles.

Cerise sur le gâteau : chemin faisant, nous nous transformons nous-mêmes. Car il s’agit bien aussi d’affiner l’outil que l’on est, au service de nos missions et de notre propre vie.